Catégories
Billets

SMTPC, et maintenant?

Au moins deux scénarios paraissent possibles :
1/ Pas de nouvelle offre
VINCI et Eiffage décident de laisser SMTPC en Bourse, abandonnant ainsi leur projet initial de retrait de cote par expropriation des minoritaires. Il est vrai qu’il est peu fréquent pour des initiateurs de relever leur offre de 21,1€ à 27€, d’abandonner la faculté d’expropriation, de devoir accepter de ne pas faire une nouvelle offre à un prix supérieur à 27€ avant le printemps 2025 pour obtenir la conformité de l’Autorité des marchés financiers (AMF) – France qui a parfaitement compris que le plan d’affaires 2021 avait été manipulé à la baisse ; et de n’obtenir néanmoins que 2 % sur les 34 % détenus par les minoritaires.
Bref après une OPA ratée, tout rentre dans l’ordre. Les actionnaires jouissent paisiblement de leurs actions, des dividendes croissants sont versés jusqu’à la fin de la concession en janvier 2033, et SMTPC s’autoliquide de cette façon par un versement de dividendes supérieurs aux résultats en puisant dans les réserves accumulées. Les actionnaires sont protégés de l’inflation par l’indexation des péages sur l’indice des prix, comme l’a illustré la hausse de ceux-ci de 3,4% intervenue le 1er juillet. Ils sont aussi protégés de la hausse des taux d’intérêt non due à l’inflation par la courte durée résiduelle de la concession (moins de 11 ans). Ils bénéficieront de l’ouverture de la bretelle Schlœsing qui va accroître les recettes et les marges. La liquidité de l’action reste bonne, puisque l’OPA ne l’a pas réduite vu son échec.
C’est une action, mais qui a toutes les caractéristiques d’une obligation avec un taux de rentabilité actuariel de 9%, le double du taux justifié par le risque de cette action, et un niveau de risque particulièrement faible comme l’illustre la tenue du cours au S1 2022 qui a monté de 7% versus une baisse de 18% pour le CAC 40.
Les actionnaires minoritaires actifs resteront actifs pour obtenir l’élimination des ripages de profits organisés par les majoritaires, au détriment de SMTPC.

2/ Une nouvelle offre
Dans 3 ans, VINCI et Eiffage retrouvent le droit de faire une nouvelle offre à un prix supérieur à 27€ (ajusté des dividendes versés). La réalité aura alors confirmé la fausseté du plan d’affaires de 2021 conçu pour exproprier les minoritaires à 21,1€. Un nouveau directeur général de VINCI viendra d’être nommé, puisque le PDG a annoncé ne garder que la présidence du groupe à cette échéance. Le directeur financier actuel (né en 1956) partira alors probablement en retraite. Bref, pas un contexte qui incite leurs successeurs récemment nommés à tenter une seconde offre qui se solderait par un nouvel échec pour ce qui reste un petit dossier à l’échelle de VINCI et d’Eiffage. Comme je continuerai à publier tous les 6 mois mon estimation de la valeur intrinsèque de l’action SMTPC (37,5€ à 40€, actuellement) et à mesurer les écarts de la réalité par rapport au plan d’affaires de 2021, ils auront toutes les cartes en mains…