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une analyste financière fait honneur à sa profession

Dans ce dossier où bon nombre d’acteurs ne sont pas apparus sous leur meilleur jour, se distingue une femme forte. C’est l’analyste financière qui suit, seule depuis des années, SMTPC, Stéphanie Lefebvre chez Société de Bourse Gilbert Dupont.
 
On sait qu’en moyenne plus de 30 % des sociétés cotées ne sont suivies par aucun analyste financier, et que ce pourcentage grimpe à plus de 50 % dans la tranche de la capitalisation boursière de SMTPC, où 30 % d’entre elles sont suivies par un seul analyste.
 
C’est dans le cadre d’un contrat de liquidité signé entre SMTPC et Gilbert Dupont qu’intervient la couverture d’analyse financière avec publication d’une note, à chaque publication de résultats ou d’événements qui fait le point sur la nouvelle, et mise à jour du modèle d’évaluation de SMTPC avec deux méthodes : l’actualisation des dividendes (DDM) et l’actualisation des flux de trésorerie disponible (DCF).
 
Alors que l’on aurait pu craindre que l’analyste financier, intervenant dans un contrat payé par SMTPC, serait favorable aux actionnaires majoritaires, VINCI et Eiffage, et alignerait sa valorisation sur le prix de l’offre, il n’en a rien été. Certes, le lendemain matin de l’annonce du projet de l’offre d’expropriation à 21,1€, Stéphanie Lefebvre a aligné son objectif de cours sur le prix de l’offre, et a conseillé d’apporter à l’offre quand elle serait effective. Mais elle avait eu si peu de temps pour réagir ! Dans les mois qui ont suivi, elle n’a cessé de revoir à la hausse sa valorisation au fur et à mesure où la réalité montrait que rien ne pouvait justifier le prix spoliateur de 21,1€. Et quand celui-ci a été rehaussé de 28% à 27€, soit son objectif de cours, elle a attendu la publication du chiffre d’affaires du T4 2021 de SMTPC avant de mettre à jour son modèle de ces éléments, et sa recommandation passée en conséquence à Accumuler le titre avec un nouvel objectif à 31€, moyenne d’un DDM à 29,4€ et d’un DCF à 32,4€.
 
Si l’écart entre le DDM et le DCF est significativement supérieur à celui de l’expert, du présentateur et du mien, c’est qu’elle a pris l’hypothèse conservatrice que le dividende n’augmenterait que de 0,10€ par an d’ici la fin de la concession, induisant une grosse trésorerie ne rapportant rien et un dividende final copieux en 2033.
 
Le marché a largement validé ses analyses en refusant à 94% d’apporter ses titres à cette OPA ratée. C’est une leçon à méditer pour ceux qui ont écrit qu’ils ne pouvaient pas retenir ses travaux car elle était la seule analyste financière à suivre SMTPC, comme s’il y avait fréquemment plusieurs analystes suivant une entreprise capitalisant 180 M€ ; ou celui qui m’a dit que l’Autorité des marchés financiers (AMF) – France ne pouvait pas retenir ses travaux car ils ne faisaient que quelques pages (comme si la plupart des notes d’analyse financière sur les grands groupes n’avaient pas la même taille, une fois ôtées les nombreuses pages de dégagement de responsabilité).