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Billet du 22 mai 2022

On a vu la semaine passée comment la direction de SMTPC, salariée de VINCI et d’Eiffage, défendait d’abord les intérêts de ses employeurs avant ceux de SMTPC. Et comment la première administratrice indépendante avait démontré dans un autre dossier récent qu’elle n’avait d’indépendante que le nom.

La seconde administratrice indépendante de SMTPC est aussi administratrice indépendante… d’Eiffage, situation pour le moins singulière. Comment peut-on être administratrice indépendante de la maison mère et l’être aussi de la filiale cotée à 33 % ? Ce n’est pas la disposition du règlement interne du conseil d’administration d’Eiffage, selon laquelle cette administratrice s’abstiendra de participer aux discussions du conseil d’Eiffage en cas de conflit d’intérêt avec SMTPC, qui résout la contradiction. Car le sujet ne se pose évidemment pas au niveau d’Eiffage, mais de SMPTC. Et là, il n’est rien prévu de ce genre. Forcément.

Le Haut Comité de Gouvernance d’Entreprise, consulté en 2020 sur une situation similaire, a indiqué « qu’en opportunité́, la nomination du même administrateur au sein des conseils d’administration de A et B (sa filiale) crée une apparence susceptible de faire naître des doutes sur le rôle exact et donc l’indépendance d’un tel administrateur. »
Ce cas est celui d’A. Gosset-Grainville, administrateur indépendant depuis 2019 des Mutuelles AXA, qui était pressenti pour devenir administrateur indépendant d’AXA, contrôlé à 25 % par ces mutuelles. A. Gosset-Grainville, par ailleurs avocat, a estimé, compte tenu de l’avis du HCGE, qu’il convenait de démissionner de ses deux postes au conseil des mutuelles AXA pour pouvoir devenir administrateur indépendant d’AXA. Ce qu’il a fait.

En revanche, la seconde administratrice dite indépendante de SMTPC se représente pour un second mandat en juin, et sera probablement réélue grâce aux voix de… VINCI et d’Eiffage, et malgré celles des minoritaires qu’elle a, elle aussi, refusé de rencontrer durant la période de pré-offre.

Si vous vous inquiétez de la qualité des travaux du conseil d’administration de SMTPC, sachez que dès le surlendemain de la séance où le conseil a dû, fait rarissime, ré-arrêter les comptes 2021, le président a lancé une auto-analyse du fonctionnement des travaux du conseil. Et que cette analyse conclut à « des évaluations très positives ». Bref, le terrain est préparé pour demander et obtenir en AG le 21 juin le doublement de la rémunération des administrateurs (sic) ! Quand on vous dit que l’inflation est partout. 

Quant au président, 74 ans, haut fonctionnaire retraité de la mairie de Marseille, et maire d’une commune de Corse, VINCI et Eiffage demandent la modification des statuts pour qu’il puisse rester en poste jusqu’à 78 ans. Il est vrai qu’un tel président, qui n’a vu ni les sous-facturations, ni les ripages de profits, ni la manipulation du plan d’affaires, est irremplaçable. Quand on a la chance d’en avoir un comme lui, on le garde !